Le premier pas à franchir et non le moindre pour se libérer de son histoire d’abus ou d’agression sexuelle est de LIBÉRER SA PAROLE.
Tu sais, plusieurs raisons peuvent expliquer pourquoi tu gardes le silence et c’est NORMAL. Subir des abus ou une agression sexuelle est très traumatisant et laisse une blessure profonde.
La honte et la culpabilité exercent un si grand pouvoir qu’il devient difficile de franchir le cap du silence et oser parler de son épreuve.
Peut-être que…
- tu penses que c’est de ta faute ce qui est arrivé.
- ça te fais trop mal de te souvenir des évènements, tu restes dans le silence pour ne plus revivre l’abus ou l’agression…tu veux passer à autre chose.
- tu te sens humiliée, tu as honte.
- tu as peur de ne pas être crue.
- tu ne veux pas faire honte à ta famille, tu as peur de la réaction de ton entourage.
- tu ne te souviens pas clairement de ton agression, les évènements sont flous, il te manque des morceaux, c’est confus dans ta tête.
- tu penses que ce n’est pas vraiment une agression ou que ce n’est pas si grave que ça…
- tu penses que « de toute façon, moi ça ne m’a rien fait ».
- tu penses que tu ne t’es pas assez débattue, que tu aurais pu réagir d’une autre façon…
- tu as peur des représailles de la part de ton agresseur.
- tu ne veux pas briser les liens familiaux.
- tu crois que tu as encouragé l’agresseur parce que tu avais trop bu…
- tu ne veux pas détruire la vie de l’agresseur.
- tu ne veux pas en parler parce que tu as revu ton agresseur après…
En plus, sûrement que tu peux aussi te demander comment on peut parler à quelqu’un d’une situation si intense où notre intimité et notre dignité ont été complètement bafouées. Moi ça m’a pris plusieurs années et plusieurs tentatives avant de réussir à complètement libérer ma parole et commencer mon processus de guérison.
À qui en parler, par où commencer, quoi dire et quels mots utiliser…ce n’est vraiment évident…mais j’ai envie de te dire sincèrement et du plus profond de mon cœur : OUI C’EST POSSIBLE DE VAINCRE LE SILENCE.
Chaque femme est unique et a son propre rythme d’évolution et tout est normal et OK. La première chose est de s’accueillir dans notre processus peu importe où on est rendu sur le chemin.
Lorsqu’on se sent prête, il faut d’abord choisir à qui en parler et je te le dis tout de suite même si tu parles à une personne en qui tu as pleinement confiance, cela reste une expérience difficile qui demande une bonne dose de courage, mais on a tous cette force à l’intérieur de nous.
Voici quelques BESOINS à tenir compte pour te permettre d’aller vers la bonne personne:
- Être crue et écoutée;
- Être validée : Toutes les émotions que tu traverses sont NORMALES; Être respectée : Peu importe les moyens que tu as utilisés pour survivre à ton abus ou ton agression sexuelle, ils t’ont permis de survivre;
- Sentir que la personne a confiance en toi et t’encourage;
- Et que la personne à qui tu te confies ne prenne pas la défense de ton agresseur.
Ensuite, tu verras…si tu es bien accueillie il sera de plus en plus facile de trouver les mots et de libérer ton épreuve et cela te permettra :
- De surmonter la honte;
- De reconnaître la réalité;
- D’entrer en contact avec tes émotions et leur permettre d’exister;
- De tout doucement commencer à te libérer des conséquences reliées aux abus et agressions sexuelles;
- D’OUVRIR LA PORTE À LA TRANSFORMATION DE TON ÉPREUVE.
En terminant, tout ce que j’ai envie de te dire c’est : OSE, prends une chance de faire confiance à quelqu’un, parce que tu le mérites, parce que c’est possible de traverser son épreuve et d’en ressortir plus forte.
» Parle de ton histoire! Ne l’enterre pas, ne la laisse pas s’envenimer et te définir. Quand on enterre son histoire, on y reste soumis pour toujours. Quand on la libère, on peut en composer la fin. «
Brené Brown